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Les explorations archéologiques ont permis de découvrir des appareils dentaires; se remontant à plus de 4000 ans, et la denturologie du temps, semble-t-il, consistait à récupérer des dents extraites ou perdues, de les relier et de les fixer en bouche à l'aide de fils ou de bandelettes d'or. La première personne à fabriquer des prothèses dentaires, comme nous les connaissons aujourd'hui, est un pharmacien français.

Travaillant à Paris dans la moitié du 18e siècle, Pierre Fauchard constate qu'en prenant l'empreinte de la bouche avec du plâtre, il est capable de fabriquer un appareil de caoutchouc sur lequel il greffe des dents de porcelaine cuite. Nous observons ensuite la lente et constante évolution d'un domaine de spécialisation qui exige un savoir-faire et une patience d'artisan et qui pose comme défi la fabrication de prothèses dentaires toujours plus efficaces, confortables et esthétiques.

Avant que ne soit créée une formation en dentisterie dans les universités, nous constatons une nette différence avec les dentistes qui, en grande partie, s'occupent d'extraire les dents, et les personnes qui se spécialisent dans la fabrication et l'ajustement de prothèses (les techniciens).

Au 19e siècle et au début du 20e, tandis que les techniciens vaquent à leurs occupations en s'occupant de la bouche de leurs patients, les dentistes forment un puissant lobby pour influencer la réglementation sur la prestation de soins de santé dentaire. Ils réussissent à convaincre les législateurs de restreindre la pratique de soins buccaux exclusivement à leur profession. Si on demande leur avis aux techniciens travaillant en laboratoire, leurs réponses sont en grande partie modelées en fonction de leur dépendance envers le dentiste. Les techniciens qui poursuivent leur travail avec les patients ne sont pas consultés, et la législation, toujours en vigueur, circonscrit le champ de pratique des deux professions.

Il est intéressant de constater que même si la denturologie, dans son sens moderne, était auparavant méconnue, elle prenait déjà du galon à l'échelle mondiale. L'idée qu’une personne autre qu'un dentiste puisse effectuer des manipulations buccales est issue de la création d'un programme de sciences infirmières dentaires en Nouvelle-Zélande. Élaboré en 1921, ce programme était une réponse à la forte incidence de maladies dentaires et à l'incapacité de la main-d'œuvre du temps de fournir les soins et les services requis.

En 1919, la Tasmanian Dental Act accorde, pour la première fois, la permission aux denturologistes de prendre les empreintes et de faire l'ajustement des prothèses dentaires. Avant de consulter un denturologiste, les patients doivent toutefois obtenir un certificat de santé buccale auprès d'un dentiste ou d'un médecin.

En Amérique du Nord, c'est la Alberta Health Amendment Act de 1933 qui, pour la première fois, encadre la pratique de la denturologie. Cette loi est amendée en 1961 et devient le premier instrument législatif consacré uniquement à la denturologie.

Chez nos voisins du Sud, les techniciens dentaires se déclarent ouvertement denturologistes, et depuis le mouvement amorcé au Canada dans les années 1950 et le début des années 1960, ils exigent une reconnaissance juridique de leur profession. Bien que les denturologistes aient formé des organisations dans plus de quarante États, les puissants lobbyistes de l’American Dental Association exercent de fortes influences qui freinent le mouvement de la denturologie.

Les tensions entre les deux professions redoublent à mesure que les gens se rendent compte que les prothèses dentaires fournies par les dentistes coûtent de plus en plus cher, sans compter les mauvais ajustements et les dysfonctionnements causant des lésions. Les denturologistes concluent alors, qu'eux aussi, ils ont besoin d'une voix forte pour les représenter dans le secteur des soins de la santé dentaire.

En 1956, trois denturologistes, Rolf Pfenniger, Hannes Stiebler et Stephan Grabert, forment conjointement le INTERNATIONALE ARBEITSGEMEINSCHAFT der ZAHNPROTHETIKER (I.A.Z.) (groupe d'études international des prothésistes dentaires). Le projet est ambitieux, et de nombreuses embûchessèment le parcours :

La tentative de conserver le monopole sous le prétexte de la protection du public; le besoin d'éduquer les décideurs publics et les législateurs sur la profession; et, la nécessité de convaincre les collègues qu'une formation additionnelle est essentielle pour développer les aptitudes des professionnels, obtenir le soutien du grand public, asseoir la crédibilité de la profession et gagner le respect des autres membres du secteur des soins de la santé dentaire.

En 1991, grâce à l'élaboration et l'approbation d'une base de compétences commune aux programmes de formation et d'éducation des denturologistes à l'échelle internationale, le I.A.Z. réussit à inscrire la question de la denturologie au programme politique.

À noter : en septembre 1992, dans le cadre de sa conférence internationale, le I.A.Z. fusionne ses trois désignations, soit I.A.Z., I.F.D. et F.D.I. et adopte une appellation officielle, soit la Fédération internationale des denturologistes (FID).